Parcours d'un jeune guide #1 : Prendre sa décision

Guide de haute montagne : un métier qui fait rêver des générations de grimpeurs. Mais comment prendre la décision de se lancer ? Quel cheminement pour consacrer son temps et son énergie à un métier mêlant passion et exigence ? Antoine Rolle est l'un de ces jeunes alpinistes en pleine formation de guide à l'ENSA. Nous l'avons suivi tout au long de son parcours, de la Méditerranée au Mont-Blanc. Première étape : la décision.

D’où vient ta passion pour la montagne ?

Quand tu vis depuis ton enfance dans les Alpes-Maritimes, les chances de devenir guide de haute montagne sont plutôt minces. Mais avec passion, entraînement et entouré des bonnes personnes, ça peut devenir une réalité.

J’ai vécu depuis petit dans un milieu lié à la montagne et à la nature grâce à mes parents, sur la Cote d’Azur. C’est seulement à l’adolescence que je me suis intéressé plus sérieusement à l’alpinisme, avec quelques escapades dans le massif du Mercantour et celui des Ecrins. Dans un premier temps, c’est à travers les différentes fédérations et de nombreux passionnés que j’ai appris la théorie, comme un bébé apprenant à marcher. Le matériel, les techniques, les dangers, autant d’éléments nécessaires pour se maintenir en vie.

Tu dis avoir été entouré de « bonnes personnes ». Il y a une forme de parrainage en montagne ?

Au sein des fédérations certains guides comme Stéphane Benoist m’ont permis d’acquérir de l’autonomie et de prendre confiance en moi. Et au fil des sorties, les guides ont fait place à des compagnons de cordées, puis les compagnons de cordées à des amis qui t’enrichissent à leur tour.

Certaines activités, comme la cascade, sont plus délicates à appréhender. L’observation de mes ainés m'a permis alors d’évoluer rapidement. Avant de partir en glace, je regarde Nicolas Beauquis, maitre en la matière, étudier les conditions. Quand il grimpe j’observe attentivement sa gestuelle sur les fins cigares. Ses petits coups de piolets délivrés avec minutie et la précision de la lame que je me jurais de reproduire. Nul besoin de manuel, c’est un livre ouvert que je décrypte soigneusement. Cascade après cascade, voie après voie, des rêves se réalisent, m’amenant au Fer à Cheval, en face nord de la Meije, de l’Eiger et même des Grandes Jorasses. Dans ma tête le métier de guide commence à faire son chemin.

Quand arrive le déclic ?

C’est en 2015 que j’ai le plus gros déclic. J’intègre le Groupe Excellence National Alpinisme de la FFCAM. Entouré de coachs comme Christophe Moulin, le groupe est organisé sous forme de stages, voyages et expéditions, avec pour but d’acquérir une expérience du haut niveau et nous préparer pour le milieu professionnel de la montagne. Outre leur niveau technique, Christophe et les autres coachs nous ont impressionnés par leur énergie, leur motivation et leur détermination. A se demander qui sont réellement les jeunes !? Dans un même temps, nous partons avec un copain en expédition en Amérique du sud. À partir de ce moment-là, je comprends que je souhaite faire de la montagne mon métier, tant par le diplôme de guide que par les voyages et les expéditions.

Ta motivation est là. Mais elle ne suffit pas ?

La même année, je me présente donc au probatoire de ski. Mais trop naïf et trop peu préparé, cet examen est un échec. Conscient du travail qu’il me reste à faire, je me jure de revenir avec le niveau demandé… et même plus. Depuis, j’ai terminé mon Master 2 en Aménagement des territoires de montagne. J’ai effectué plusieurs expéditions sans jamais arrêter l’alpinisme dans les Alpes et l’escalade en falaise. Je pense avoir engrangé par toutes ces aventures de l’expérience et de la maturité en montagne. Je me sens prêt et me présente donc en 2017 au probatoire du diplôme de Guide de Haute Montagne.

Pour continuer à suivre la préparation d'Antoine au métier de guide de haute montagne, vous pouvez découvrir nos articles liés. Prochaine étape : Parcours d'un jeune guide #2 : Apprendre à skier.