Information : bloqueurs CROLL L B16 & B16AAA en environnements corrosifs
Cette information est destinée en particulier aux structures utilisant de manière intensive le bloqueur CROLL L pour des raisons professionnelles. Cette mise à jour fait suite à l'information du 17 mars 2014 diffusée sur le site web de Petzl.
2 Avril 2014
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Accès rapide dans la page :
- Les faits
- Recherche des causes potentielles
- Conclusions
- Les recommandations opérationnelles de Petzl
- FAQ
Les faits
Le communiqué du 17 mars 2014 publié le site de Petzl explique que deux clients différents nous ont récemment informés d'une défaillance sur les têtes de rivet de deux bloqueurs CROLL L ; aucune de ces défaillances n'a provoqué d'accident. Les deux bloqueurs CROLL L ont été utilisés sur des plateformes offshores dans la mer du Nord. Avant leur défaillance ces appareils ne portaient aucune trace visible ni d'usure, ni de dommage.
Recherche des causes potentielles
Analyse de matériaux des rivets
Procédure : réaliser un test de dureté Vickers sur la surface et sur une coupe transversale des rivets en question.
Résultat : les résultats des tests sont conformes à nos spécifications techniques.
Procédure : réaliser une analyse chimique du rivet.
Résultat : en plus des éléments constitutifs de l’acier (C+Fe+Cr), nous avons observé une présence de calcium (Ca), de magnésium (Mg), de sodium, et de chlore (Cl) (tous présents dans l'eau de mer) issus de l'environnement de travail.
(Analyse chimique du rivet défaillant)
Analyse de corrosion :
Procédure : observations micrographiques de l'axe longitudinal du rivet. Agrandissement de x50 à x200
Résultat : corrosion crevassant est visible sur l'ensemble du rivet.
Agrandissement = x50 Agrandissement = x200 Agrandissement = x200
(Des images micrographiques des rivets cassés montrent des fissures liées à la corrosion)
Profil de la surface de rupture :
1er profil visuel = mode défaillance par fatigue sur la périphérie de la surface de rupture
Procédure : Microscopie électronique à balayage (MEB) pour observer la surface de rupture.
Résultat : nous avons observé la propagation des fissures de fatigue.
Comme tous les appareils de type CROLL L, à chaque traction une charge dynamique se produit lorsque le poids de l'utilisateur s'exerce sur le bloqueur. Dans le cas d'autres bloqueurs comme l'ASCENSION, la charge s'applique d'une manière plus progressive. Cette charge dynamique, en combinaison avec l'effet "yo-yo", peut créer des forces dynamiques jusqu'à 2,5 kN. Le bloqueur subit alors une charge cyclique et la corrosion de type crevassant a engendré une fissure de surface initiale typique des fissures qui se propagent par fatigue.
(Des images MEB de la surface de rupture qui montrent la propagation des fissures de fatigue).
2ème profil visuel = mode de rupture fragile sur deux tiers de la surface de rupture.
Procédure : Microscopie électronique à balayage (MEB) pour observer la surface de rupture.
Résultat : Révélation des faces de clivage typiques d'un mode de rupture fragile.
Ce résultat confirme la nature soudaine de la défaillance. Environ deux tiers de la surface de rupture montre un clivage parfaitement "lisse" associé à des fissures secondaires, et signifie une fragilité de la rupture. Nous pouvons en conclure que la défaillance ultime est due à une surcharge soudaine du rivet déjà endommagé.
(Une image MEB de la surface de rupture montre le genre de faces de clivage typiques d'un mode de rupture fragile).
Tests de fatigue :
Procédure : Des tests de charge cyclique ont été réalisés dans notre laboratoire afin de répliquer les conditions d'usage (excepté la présence de corrosion) pour reproduire la défaillance. Le CROLL L subit alors une charge cyclique de 100 kg.
Résultat : la défaillance du corps arrive avant d'observer un quelconque dommage sur le rivet. A ce jour, nous n'avons pas réussi à reproduire les deux défaillances observées sur le terrain.
(Des tests de charge cyclique de 100 kg)
Conclusions
L'hypothèse la plus probable est que la défaillance de la tête de rivet est due à un mélange de 3 facteurs :
- Initiation : Corrosion (plateforme offshore) => l'usage dans un environnement marin a initié la corrosion de type crevassant sur le corps du rivet et sous la tête du rivet à un endroit non visible.
- Propagation : Charge cyclique => le bloqueur a subi une charge cyclique allant de 0 kN à 2,5 kN, provoquant une propagation des fissures de fatigue venant des zones ayant des trous de corrosion.
- Défaillance : les fissures de fatigue sont suffisamment larges pour déclencher une rupture totale et soudaine.
Conclusions
Observations
- Historiquement, les EPI de Petzl ont fréquemment été utilisés dans des environnements corrosifs (par exemple, les environnements marins, pétrochimie, etc.), et l'expérience démontre que cela n'engendre pas de problèmes d'une manière générale.
- Néanmoins, dans certaines conditions spécifiques, la durée de vie d'un produit pourrait être fortement réduite due à un phénomène de corrosion, surtout si l'EPI est utilisé principalement dans un environnement corrosif. Voir l'extrait de la notice technique ci-dessous.
- En outre, la corrosion des aciers inoxydables (tous les aciers inoxydables se corrodent) est difficile à détecter puisque elle se développe via des microfissures difficilement visibles à l'œil nu. La détection de la corrosion de l'acier inoxydable est encore plus difficile si le composant se trouve dans une zone cachée.
- Renforcer la résistance à la corrosion de nos EPI pour les environnements extrêmes (par exemple, les environnements marins, pétrochimie, etc.) obligerait l'usage des aciers inoxydables à Haute Résistance à la Corrosion (HRC), qui possèdent des propriétés mécaniques réduites, y compris une résistance mécanique diminuée. L'EPI par conséquent devrait être surdimensionné afin de respecter les normes et les contraintes d'usage. En outre, le corps en aluminium ne serait pas suffisamment résistant à la corrosion dans de tels environnements. Ainsi, un EPI "100% résistant à la corrosion" dans de tels environnements demanderait le développement d'un tout nouveau produit.
Conclusions
Les EPI de Petzl ne sont pas conçus pour être "100% résistants à la corrosion". Néanmoins, l'utilisation des EPI de Petzl dans des environnements corrosifs (par exemple, les environnements marins, pétrochimie, etc.) est possible à partir du moment où certaines consignes sont bien respectées :
- Une vigilance accrue et des contrôles plus réguliers.
- Un entretien fréquent.
- Une durée de vie fortement réduite.
- Une analyse du risque par l'utilisateur devant intégrer le risque spécifique de corrosion des matériaux dans un environnement corrosif.
Les recommandations opérationnelles de Petzl
La fréquence de ce type de défaillance du CROLL L est extrêmement rare (deux cas pour des centaines de milliers d’appareils en service). Néanmoins, Petzl donne les recommandations suivantes :
- 4-1 : Dans un environnement corrosif, il faut rincer et sécher tout EPI métallique de Petzl après chaque usage, afin de limiter les éventuels problèmes liés à la corrosion (en particulier dans des zones confinées/cachées).
- 4-2 : Conformément aux recommandations actuelles de Petzl, lors de l'usage d'un bloqueur, l'utilisateur doit toujours employer un deuxième appareil ou se connecter à un deuxième bloqueur (un dispositif de sécurité secondaire).
- 4-3 : Les utilisateurs doivent procéder à une inspection visuelle de leur CROLL L B16 et B16AAA, afin de vérifier que la tête de rivet n’est pas manquante.
Petzl demande à ce que cette information soit diffusée à tous ceux qui utilisent, entretiennent, et contrôlent les bloqueurs CROLL L, et conseille fortement la mise en place des recommandations ci-dessus.
FAQ
- Cela concerne-t-il tous les anciens bloqueurs CROLL L ?
Les deux produits ayant eu une rupture de la tête de rivet sont des anciennes versions du CROLL L (B16 et B16AAA). Les recommandations Petzl 4-1 et 4-2 s'appliquent à tout appareil sur corde Petzl. La recommandation 4-3 s’applique à toutes les anciennes versions du CROLL L (B16 et B16AAA).
- Cela concerne-t-il le nouveau bloqueur CROLL L B16BAA ?
Par mesure de précaution, Les recommandations Petzl 4-1, 4-2, 4-3 s'appliquent aussi au nouveau bloqueur CROLL L B16BAA.
- J’utilise mon CROLL L dans un environnement non-marin, dois-je procéder également à sa vérification ?
Par mesure de précaution, nous vous conseillons de procéder à une inspection car vous opérez peut-être dans un environnement corrosif, par exemple en présence de produits pétrochimiques.
- Comment puis-je vérifier la tête de rivet ?
Il suffit d'une vérification visuelle pour identifier sa présence.
- Si la tête de rivet est intacte, puis-je continuer à utiliser mon CROLL L ?
Oui, vous pouvez continuer à utiliser votre bloqueur CROLL L conformément à la notice technique et à condition d'effectuer des vérifications selon les recommandations de Petzl : http://www.petzl.com/fr/inspection-epi
- Que dois-je faire si la tête de rivet de mon CROLL L est manquante ou endommagée ?
Dans ce cas, il faut rebuter immédiatement cet appareil et contacter votre revendeur.
- Si une défaillance de la tête de rivet se produit en cours d’utilisation, que se passe-t-il ?
Tant que vous êtes sous tension, rien ne se produit. Mais dès que la tension disparaîtra, le rivet risque de tomber et votre CROLL L ne sera plus en mesure d’assurer le blocage.
- Ces défaillances de rivet, ont-elles provoqué des accidents ?
Aucun accident ni blessure ne nous a été communiqué.
Pour plus d’information n’hésitez pas à contacter votre distributeur local.